Histoire du Kakejiku

Au Japon, cette forme de montage en rouleaux remonterait à l’époque Héian (795-1192).
Historiquement, elle serait liée au développement du  Bouddhisme, quand les moines, au terme de périlleux voyages, rapportaient d’Inde, de  Chine et  de  Corée les précieux rouleaux de Soutra.

Les techniques de montage et la forme des Kakéjiku obéissent à des règles très précises, et varient en fonction de la nature sacrée ou profane de l’œuvre et de sa destination.
Ce type de montage et les matières utilisées (soies, papiers, colles) doivent impérativement répondre à la particularité de l’enroulement et être compatibles et réversibles.

Contrairement aux habitudes occidentales d’accrocher un même tableau en permanence ;  en Orient, un Kakejiku différent sera accroché, marquant ainsi chaque saison, une cérémonie Bouddhique, lors d’un Chanoyu (cérémonie du thé),  comme support de méditation, ou toutes autres occasions.

A cet égard, le  kakéjiku reflète  idéalement cette vive  sensibilité de la culture japonaise au passage du temps et à l’Impermanence de toutes choses.

 

Technique du Kakejiku

Ura-uchi: c’est la première opération de montage.

Dans la continuité graphique d’une calligraphie ou d’une peinture Sumié sur un papier de type Washi, c’est la première opération qui permet de révéler la subtilité de l’encre et de son support.

Lors de la mise en œuvre, le papier sous l’espace du trait du pinceau se rétracte en séchant, ceci est dû à l’importante quantité d’eau contenue dans l’encre.  L’opération très délicate de doublage Ura-uchi entre alors en symbiose avec l’encre et le papier, en révèle ainsi toute la richesse de nuances et matière. Cette étape est indispensable à la conservation de l’œuvre, et à sa remise en aplat avant montage en Kakéjiku ou toutes autres présentations.

 

Matériaux

Un montage de kakejiku est composé principalement de papier et de soie.

Pour vos achats de fournitures:  voir la page Shopping

Les papiers Washi.

Au Japon ce papier est fabriquée  artisanalement dans la plus grande tradition à partir de trois arbustes: le Kozo, le Mitsumata et le Gampi.

La partie de l’écorce utilisée, donnant une fibre longue, et par différentes étapes de fabrication et le mucilage, permettent d’obtenir des papiers particulièrement solides, souples, et d’une grande finesse.

Les propriétés de trois papiers washi, les Uda-gami, Mino-gami et le Misu-gami, sont associés alternativement dans les marouflages, doublages et montages.

Le pH neutre de ces papiers,  permet également de les utiliser dans tous les travaux de restauration-conservation aussi bien occidentaux que orientaux.

Les soies Kinu.

Ces soies seront toujours marouflées avec  Washi avant le montage.  Leurs motifs, textures et teintes répondent à des codes précis selon la destination et le thème de l’oeuvre.

Dès le VIe siècle,  au japon, les premiers kakejiku étaient montés en réutilisant des soies de késa ou de kimono, plus tard, vers le  XIXe siècle, tout en reprenant les types de motifs originaux, seront tissés des soies spécifiquement réservées aux montages de kakejiku.

Ichi-Monji est une soie dont le motif est tissé avec des fils d’or, elle est principalement utilisée  comme offrande dans les montages des peintures Bouddhiques.

Les techniques montages et restauration des kakejiku et paravents sont réalisés avec des matériaux compatibles et entièrement réversibles répondant aux normes de conservation/restauration.

Atelier: Les travaux de montages, conservation restaurations des oeuvres graphiques d’Extrême-Orient

Déontologie :

Que ce soit un kakéjiku, un é-makimono, une estampe, un paravent, un fusuma etc.

Rester à l’écoute de l’œuvre, une mauvaise manipulation par des erreurs techniques et culturelles peut la détruire.

Les techniques mises en œuvre sont le fruit de ma longue formation dans les ateliers japonais, appliquant les techniques de montages et de restauration traditionnelles transmises de Maîtres à disciples.

Les montages et la restauration/conservation

Le terme restauration ne peux être séparé du terme conservation : conserver afin d’avoir à restaurer le moins possible.

C’est la manière d’appréhender une œuvre, de comprendre comment les processus de dégradation endogènes et exogènesse sont produits, pour ainsi pouvoir y remédier, mettre en œuvre des procédés pour que ces altérations ne se reproduisent pas afin de prolonger la pérennité de l’œuvre.

Cette spécialité nécessite une bonne connaissance des matériaux, connaissance des techniques et d’histoire de l’art.

Ce patrimoine expatrié d’œuvres japonaises dans nos pays d’adoption subissent des stress hygrométrique, moisissures, insectes, mauvaises manipulations, démantèlements pour une adaptation à une esthétique Occidentale, etc.

Ces interventions par de lourdes erreurs culturelles et techniques peuvent être irréversibles.

L’œuvre et son montage ne font qu’un.

La solidarité physique qui lie toutes les parties de l’œuvre et de sont un montage, dont les papiers washi et les soies kunisont les supportstraditionnels de l’art pictural japonais.

 

Répondre à la demande des commanditaires.

Chaque cas est une étude, conserver, prendre soin, ne rien perdre, redonner la vie sans pour cela effacer la trace du temps.

 

 

Pin It on Pinterest